Chers parents, chers amis et bienfaiteurs,
Chers frères et sœurs dans la vie monastique,
Une fois de plus, la fête de Noël nous met « en correspondance » écrite pour rappeler et intensifier la correspondance entretenue par la prière. Et cette rencontre annuelle nous permet surtout de dire MERCI ! Notre reconnaissance est grande envers ceux et celles dont la présence, la prière, les services, les gestes de partage nous ont aidées à accomplir notre mission.
La couleur de ce message est annoncée par la verrière du cloître, entourant Celle que Géronde appelle « Notre-Dame du Risque », la femme de foi en qui s’allient la petitesse et l’audace : recueillie, appuyée sur Dieu, elle se tient debout, figure de proue, première de cordée et, avant tout, Mère. Elle nous apprend comment accueillir Jésus, l’Enfant Dieu, pour vivre avec lui ce moment de l’histoire dont la tonalité est si grave. Face à tant d’inquiétudes et de souffrances, il nous donnera de persévérer dans la prière, veillant, comme nous y incite le pape François, à « ne pas nous laisser voler notre espérance ».
L’espérance s’est fortifiée en nous à travers le parcours de l’année 2021 marquée par l’élection d’une nouvelle Prieure et le décès de notre sœur Ursula. Au jour de son 75ème anniversaire, Mère Miryam-Monique, Prieure depuis 1991, arrive au terme de son mandat caractérisé par sa foi ardente, son dynamisme et sa générosité. Le chapitre d’élection qui se tient le 10 mars fait de Sœur Catherine Masserey la nouvelle Mère de la communauté. Son Oui humble et simple, enraciné dans la foi, suscite de la part de chacune un nouveau Oui personnel, prononcé dans un nouveau contexte. Un temps sabbatique bien mérité est offert à Mère Miryam-Monique qui est accueillie chez nos sœurs de l’Abbaye du Val d’Igny, près de Reims, maison fille d’Acey comme Géronde. Au même moment, à l’infirmerie, sœur Ursula lutte contre un mal insidieux qui semble pouvoir être enrayé. Mais, le 25 juillet, alors que son état paraît s’améliorer, une pneumonie se déclare, entraînant son hospitalisation, puis son décès, au soir du 12 août, dans la lumière de la fête de l’Assomption de Marie que nous allons célébrer.
La conscience de notre fragilité s’avive sans, pour autant, dégénérer en panique car, tout au long de son histoire, et particulièrement aux heures difficiles, la communauté a touché du doigt la fidélité de Dieu. La solidarité expérimentée au sein de notre Ordre en est un signe et cela donne sa densité à la fête des saints Fondateurs de Cîteaux que Mgr Bernard-Nicolas Aubertin vient célébrer avec nous, le 26 janvier. En février, Dom Godefroy, d’Acey, notre Père Immédiat, et Mère Isabelle, du Val d’Igny, se mettent à notre écoute pour ce temps fort d’évaluation et de discernement qu’est la visite régulière, voulue par nos constitutions. Ils reviennent en novembre, accompagnés par les responsables de trois communautés qui nous sont proches, tous disposés à cheminer avec nous en vue de découvrir ensemble la volonté de Dieu sur Géronde. D’emblée, la priorité est donnée à la prière instante pour demander les vocations qui garderont allumée sur notre colline, la flamme de la vie monastique. Cette solidarité se fortifie à travers la participation de Mère Catherine à la Réunion régionale des supérieurs cisterciens tenue à l’abbaye d’Oelenberg. Elle se manifeste dans la présence fraternelle de sœur Cécile-Marie, d’Echourgnac, qui passe deux semaines avec nous pour donner un nouvel élan à la psalmodie. L’allégresse de grandes journées festives rayonne aussi sur nous. Le 17 septembre, Mère Catherine vit, à l’abbaye d’Acey, la bénédiction abbatiale de Dom Godefroy. Le 6 décembre, Sr Marie-Raphaël participe à la célébration d’accueil du nouveau Père Abbé de Cîteaux, Dom Pierre-André Burton.
Un signe de la sollicitude de Dieu est le beau réseau d’amitié formé par nos « aumôniers temporaires » qui se succèdent au fil des mois et se font parfois conférenciers. Leur nombre s’accroît : le Père Yves Carron, MSFS, prêche la retraite annuelle en mai puis revient en août pour des conférences sur l’Ancien Testament et nous envoie ensuite, pour un long séjour studieux, un confrère camerounais, le Père Emile Amougou qui, lui aussi reviendra.
L’accueil des hôtes, interrompu en mars 2020, reprend progressivement en avril, et, depuis septembre, Geneviève s’insère avec bonheur dans le service de la porterie et de l’hospitalité. Si les relations avec l’extérieur restent marquées par la crise sanitaire, les appels au secours se multiplient par téléphone ou par écrit et requièrent un généreux engagement dans la prière. Dans le cadre de la « Semaine en rouge » organisée par l’Aide à l’Eglise en détresse, nous écoutons longuement, le 25 novembre, Sa Béatitude Grégoire III Laham, Patriarche émérite d’Antioche et de tout l’Orient, venu en témoin de la souffrance et de l’espérance des chrétiens du Proche-Orient.
Le Marché monastique de Saint-Maurice donne à deux d’entre nous la joie de brèves mais denses rencontres avec des parents, amis et connaissances que nous n’avions pas revus depuis « le temps d’avant la Covid ». Engagées avec nous dans cette aventure, Geneviève et Marie-Christine y prennent si bien goût qu’elles mobilisent un groupe d’amis qui vont tenir un Stand Géronde à la Foire de Sainte-Catherine et permettre ainsi à certains Sierrois de… découvrir l’existence du monastère ! En ces temps de distanciation, les médias se sont fait trait d’union et nos proches ont reçu comme un cadeau le reportage publié dans le « Nouvelliste » du 10 juillet puis le témoignage donné par l’une de nous sur les ondes de Radio Maria Suisse Romande. Ils retrouveront prochainement Géronde dans le film « A la recherche des lieux sacrés du Valais » que sa réalisatrice, Suzana Mistro, est venue nous présenter avec beaucoup d’amitié.
Quant au petit cinéma de la vie ordinaire, les vedettes en sont les habitants de la colline: les chevreuils se promènent sous nos fenêtres et les deux chamois qui vivent dans la falaise s’aventurent jusque sur le seuil de la cave… A la saison des nids, les regards se lèvent vers la famille buse domiciliée dans la façade sud de l’église. Petit monde qui fascine par sa grâce, sa souplesse, son agilité, sa liberté. Au temps des fêtes et des vœux, nous nous prendrions facilement à rêver de traverser l’année nouvelle, de traverser la vie, avec la même aisance…
Mais Jésus nous attend dans la crèche de Bethléem, Enfant porté par sa Mère avant d’apprendre à marcher pour se déplacer ensuite lentement sur des chemins raboteux, affronter l’hostilité et la mort. Emmanuel, Dieu avec nous, il nous appelle à mettre nos pas dans les traces des siens, à marcher à son rythme. à nous laisser transformer par son amour. Puissions-nous le faire et recevoir de lui la lumière, la force, la paix.
Tels sont les vœux que nous formulons pour vous, chers parents et amis, avec affection, amitié et beaucoup de gratitude.
La Mère Prieure et les sœurs de Géronde.
IN MEMORIAM Sœur Ursula
IN MEMORIAM Sœur Ursula
Au soir du 12 août, après avoir lutté contre la maladie insidieuse qui l’avait progressivement affaiblie ces dernières années, notre sœur Ursula s’en est allée à la rencontre de Celui qu’elle a cherché inlassablement. Née en 1941, dans le canton de Zoug, Karolina Nussbaumer entra en 1960 dans la Communauté des Sœurs Hospitalières de Sion. Ce premier engagement à la suite du Christ fortifia en elle une attitude foncière de compassion et de dévouement envers les souffrants. En 1966, un nouvel appel de Dieu la conduisit à Géronde où elle fit profession solennelle en 1971. Sa vie toute donnée fut portée par une grande fidélité à la prière et, en particulier, à la prière liturgique qu’elle servit en tant que chantre, puisant dans la louange du Seigneur sa force et sa joie.