Monastère Notre-Dame de Géronde
Noël 2022
Chers parents et amis,
Chers frères et sœurs dans la vie monastique,
Nous voici au rendez-vous de Noël, tous appelés à la joie d’une rencontre personnelle avec l’Enfant de Bethléem. Tous appelés à recevoir de lui l’amour qui nous fait vivre et nous rapproche les uns des autres.
Ces liens de communion en Lui, de parenté, d’amitié, qui ne sont menacés ni par l’inflation, ni par les restrictions, nous sont vraiment apparus comme des dons de Dieu au cours de cette année à la tonalité particulièrement grave. Pandémie, guerre en Ukraine et ailleurs, sécheresse, canicule et autres manifestations du dérèglement climatique : les motifs de souffrance et d’inquiétude se multiplient. Ils habitent notre prière.
Pour notre communauté, la couleur est annoncée sur le seuil de l’année 2022 : sœur Marie-Albert, victime d’un malaise le 28 décembre, est hospitalisée dans un état grave. Au bout de quelques jours, elle se met à parler, puis remonte la pente avec la ténacité de ses 91 printemps et retrouve sa place au chœur dès le soir de son retour, à la mi-février. Mais, pour elle, ce ne sera plus tout à fait « comme avant »… Le 10 janvier, Mère Miryam-Monique, prieure émérite, revient de l’abbaye du Val d’Igny qui l’a accueillie pour un temps sabbatique. En juin, c’est le choc, la découverte d’une tumeur maligne, inopérable dans l’immédiat, source d’une douleur lancinante et continue. Nouvelle surprise à la fin août : de manière tout à fait inespérée, l’ablation de la tumeur peut avoir lieu et se passe bien. Mais le combat contre la maladie doit se poursuivre et notre sœur s’y engage avec un courage et une confiance qui nous impressionnent.
En juin, sœur Agnès, une de nos aînées, se retrouve aussi à l’hôpital : victime d’une chute, elle ne retrouve pas l’autonomie et la mobilité suffisantes pour vivre au monastère. C’est à la Résidence Plantzette, sur la colline voisine de la nôtre, qu’elle poursuit sa vocation de prière.
En octobre, pendant trois semaines, le virus Covid 19 sévit dans la communauté. Seule une sœur y échappe, trois doivent s’aliter alors que les autres sont moins éprouvées et que notre doyenne, contaminée, reste parfaitement asymptomatique !
« Vous avez vu comment je vous ai portés… » (Ex 19,4). Cette parole du Seigneur résonne en nous quand nous considérons le « parcours 2022 ». Oui, il nous a portées par l’Eucharistie qui a rayonné sur nos vies grâce à nos toujours fidèles « aumôniers temporaires » et aux prêtres du voisinage. Il nous a guidées par sa Parole, écoutée ensemble. Il nous a accompagnées à travers la sollicitude constante de Dom Godefroy d’Acey, notre Père immédiat. De leur côté, parents et amis ont été très présents et un beau climat de confiance règne avec l’équipe des soins à domicile, bienveillante et dévouée.
Nous reconnaissons un signe de la fidélité de Dieu dans l’arrivée d’un aumônier, moine de notre Ordre, Dom René Halgoët, abbé émérite de Latroun, près de Jérusalem. Nous l’accueillons le 29 septembre et la communion qui s’établit dès la première rencontre se décline désormais au quotidien dans le partage de la prière, du travail, de l’accueil, des joies et des peines.
Nous devons sa présence à notre enracinement dans un Ordre dont nous avons beaucoup reçu cette année, surtout à travers le Chapitre général qui se tient en deux sessions à Assise. Mère Catherine nous quitte donc en février puis en septembre et revient enrichie par tout ce qui a été partagé avec tant de frères et de sœurs vivant la même vocation. A son retour, quelque chose du souffle qui a animé cette rencontre nous atteint à travers un échange avec ses compagnons de route, Dom Godefroy, d’Acey, Dom Pierre-André, de Cîteaux, Mère Isabelle du Val d’Igny, manifestement heureux d’avoir vécu ce temps de grâce. En route vers Assise, Mère Myriam, abbesse de Laval, amène à Géronde Sœur Béatrice qui, pendant deux semaines, vit en sœur parmi nous, rend de multiples services et nous donne un enseignement sur le combat spirituel. Notre foi se retrempe pendant la retraite annuelle : prêchée par Dom Samuel, abbé de Novy Dvur, en Tchéquie, elle est inspirée par un verset de psaume bien en prise avec notre aujourd’hui : « Et la nuit devient lumière » (Ps 138,12). Des encouragements, nous en recevons aussi en accueillant, en mars, deux supérieurs émérites, Dom Olivier de Cîteaux et Mère Geneviève-Marie d’Echourgnac. Celle-ci revient en été avec Mère Bénédicte qui lui a succédé et Mère Marie-Claire de la Fille-Dieu. Un fruit de ces rencontres est la bienfaisante semaine de recyclage liturgique que nous offre Sœur Cécile Marie, d’Echourgnac. L’été, c’est aussi l’accueil de Mère Hildegard Brem, abbesse de Mariastern-Gwiggen et la lecture partagée de textes cisterciens. Moine de Sénanque, le Père Jean, en nous parlant de la restauration de l’église abbatiale, témoigne du bel élan qui anime sa communauté.
Une composante de la vie cistercienne est la « grâce du lieu » l’appel à vivre dans tel monastère, à aimer une terre, ses habitants, sa culture. Cette dimension de notre vie a aussi ses temps forts. En mai, les membres du Service d’aumônerie hospitalière rencontrent à Géronde notre évêque, Mgr Jean-Marie Lovey, qui les envoie en mission. Le 12 juin, la messe de la Sainte Trinité est revêtue de ferveur et de beauté par l’ensemble vocal Sierrénade, dirigé par M. Norbert Carlen.
Les épreuves de cette année ne nous enferment pas dans nos montagnes : Mère Catherine participe à la rencontre du Service des Contemplatives de Suisse Romande. Nous recevons la visite stimulante de Mère Scholastica Oppliger, représentante des contemplatives de Suisse auprès de l’Union des Supérieurs Majeurs. La participation au Marché Monastique de Saint-Maurice resserre plus d’un lien avec les communautés représentées. Après avoir préparé et mené à bien cette expédition, Geneviève et un groupe d’amis motivés montent un Stand « Monastère de Géronde », à la foire de Sainte-Catherine. Ils en rapportent de réconfortants témoignages de bienveillance et d’amitié.
Peu après, nous recevons la visite du Conseil municipal : dans une rencontre toute de confiance et de simplicité, nous pouvons mesurer la solidité des liens qui unissent la ville et le monastère. Monsieur Pierre Berthod, Président de la ville, reviendra le 23 décembre présenter ses vœux à notre nouvelle nonagénaire, sœur Marguerite, et savourer ses souvenirs d’enfance hauts en couleur…
Des souvenirs, passons maintenant aux projets : pendant le premier trimestre de 2023, nous ne recevrons aucun retraitant. Des travaux seront entrepris en vue d’accroître la capacité et la qualité de l’accueil. Celui-ci restera cependant modeste, proportionné à la demande et à nos possibilités.
Chers parents et amis, au terme de ce partage de nouvelles, nous adressons encore nos remerciements à tous ceux qui nous ont aidées de mille manières. Notre gratitude se fait prière.
Puissiez-vous tous recevoir à Noël la paix et la joie du Christ et en vivre tout au long de 2023.
La Mère Prieure et les sœurs de Géronde